Notules dominicales 2008
 
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Notules dominicales de culture domestique n°335 - 6 janvier 2008

DIMANCHE.
Courriel. J'envoie, en marge des notules, l'annuel appel à désabonnement. Il n'y a rien qui me soucierait davantage que d'importuner des destinataires qui, même s'ils ont été un temps consentants en faisant la démarche de s'abonner, peuvent avoir changé d'avis sur l'intérêt de mes élucubrations. A ce jour, l'appel n'a pas été suivi d'effet. Le notulien est tenace, qu'il soit ici remercié.

TV. Scoop (Woody Allen, E.-U., 2006 avec Scarlett Johansson, Woody Allen, Hugh Jackman, Ian McShane, Fenella Woolgar; diffusé en décembre dernier sur Canal +).

LUNDI.
Vie funéraire. J'achète une bricole assez kitsch (il aurait aimé) dans un magasin spécialisé (ces cossards des pompes funèbres n'ont même pas décoré leur vitrine pour Noël) pour la tombe de R. et passe voir son père qui lui avait légué son prénom. C'était hier leur fête à tous deux.

Vie festive. Nous passons un réveillon sur le petit braquet, la perspective d'une journée de garde demain n'autorise guère les débordements. Ce qui est regrettable, c'est qu'elle n'autorise pas non plus les retrouvailles traditionnelles avec les vieux de la vieille qui festoient pour une fois sans nous.

MARDI.
Vie saine. On ne fume plus dans les bistrots. D'après certaines sources bien informées, il paraît qu'on peut encore y boire un coup mais ça risque de durer moins longtemps que les contributions. Malgré les incitations multiples, je n'ai pas encore envie d'arrêter de fumer, même si la restriction des espaces autorisant cette pratique et mon envie moindre au fil des ans font que je fume moins qu'avant. Mais je fume toujours parce que j'aime toujours ça, parce qu'un seul sevrage me suffit, parce que rouler des cigarettes est la seule activité manuelle dans laquelle je fasse montre d'une certaine habileté et parce que c'est en passe de devenir une activité archaïque. Je pense même que je continuerai à me dire fumeur quand j'aurai arrêté car ce statut de paria possède un avantage inestimable : il permet de s'éclipser en douce de toute assemblée pesante sous le prétexte de sacrifier à son vice. Il suffit de prétexter une addiction insurmontable, de mimer le manque insoutenable pour quitter une salle, une tablée, une réunion où l'on s'enquiquine. On prend sa clope et on décarre, on va dehors, on s'échappe, on se promène, on peut même fumer si on veut mais on n'est même pas obligé. Fumer n'est plus dans l'air du temps qui est un air sans tabac. Pour voir des gens fumer, il faudra regarder des films turcs. Je suis quand même content d'avoir vécu l'époque des bars enfumés, des réunions irrespirables, d'avoir joué dans des rades où j'arrivais à peine à voir le manche de ma guitare dans le brouillard. Le monde qui se met en place, dans lequel le politique compense son impuissance à peser sur l'économie par la multiplication des lois régissant le langage et les comportements, me plaît moins, c'est normal, c'est l'effet de l'âge. La vie est bien faite : elle s'arrange pour vous donner de moins en moins de choses à regretter pour le jour où il faudra la quitter. Petit à petit, les éléments que l'on croyait immuables disparaissent, on ne comprend plus, on ne s'intéresse plus, le monde, petit à petit, vous repousse sur ses marges. Essayer de suivre, s'accrocher, c'est se vouer au ridicule. Il n'y a pas de quoi se lamenter, l'extérieur qui vous rejette permet de ne conserver que l'important, de densifier la parcelle qui vous est encore allouée. J'ai pris conscience de ce rejet grâce à un fait insignifiant mais significatif, l'autre jour, à la bibliothèque municipale où j'avais coutume de déposer un exemplaire du Bulletin de l'Association Georges Perec. On m'a gentiment fait savoir que désormais je pouvais me dispenser de ce don : la bibliothèque va déménager, un chantier pharaonique est en cours. Le changement géographique s'accompagne d'un changement de politique, une politique davantage tournée vers le "grand public". A partir de là, l'institution se désabonne des publications pointues, des revues obscures, des bulletins confidentiels et n'a bien sûr plus besoin de mes grimoires qui n'intéressaient personne. J'ai compris, sans amertume, que la nouvelle bibliothèque n'était pas pour moi, que ce n'était pas la peine que je reprenne ma carte. C'est ça qui me semble le plus remarquable dans le fait de vieillir : la réduction de l'espace dans lequel on vous autorise à évoluer. "Voir la vie comme une succession de lieux que l'on quitte" (notules n° 115).

Bilan annuel 2007.
* 86 livres lus (+ 1 par rapport à 2006)
* 152 films vus (+ 13)
* 170 pages de lecture de longue haleine (Sartre, Flaubert, Kafka, Proust, Blavier) (+ 80)
* 204 abonnés aux notules version électronique (sans oublier les irréductibles abonnés papier de l'Aveyron) (+ 14)
* 24.159 visites sur le site des notules (+ 5.622)

En ce qui concerne les chantiers littéraires :

* 1.426 peintres étudiés dans les Propos sur l'art peint (+ 58)
* 3.330 Souvenirs quotidiens notés (+ 365, le compte est bon)
* 277 volumes étudiés dans L'Atlas de la Série Noire (+ 38)
* 79 communes visitées (+ 11) de Ableuvenettes (Les) à Brû dans le cadre de L'Itinéraire patriotique départemental
* 97 photos de Bars clos commentées (+ 15)
* 356 entrées dans la Petite géographie de l'incipit (+ 39)
* 472 Bribes oniriques recueillies (+ 71)
* 589 tableaux commentés dans la Mémoire louvrière (+ 112)
* 161 publicités murales peintes photographiées (+ 30)
* 202 numéros de téléphone récoltés dans des films en vue d'un travail à venir (+ 29)
* 161 photographies de salons de coiffure pour l'Invent'Hair (+ 62)
* 58 frontons d'école photographiés pour l'Aperçu d'épigraphie républicaine (+ 19)
* 28 Lieux où j'ai dormi retrouvés ou ajoutés et photographiés (+ 7)
* 27 numéros de Diasporama envoyés à 35 abonnés.

Parutions :

* Bulletin de l'Association Georges Perec n° 50
* Articles dans la page "Livres en liberté" de La Liberté de l'Est
* Notes de lecture et Chroniques de l'actualité littéraire dans la revue Histoires littéraires n° 28-29-30-31
* Reproduction de notules littéraires sur le site http://www.lecture-ecriture.com/

Remarques :

* On note une remarquable progression de l'Invent'Hair, due principalement à la participation de plus en plus active des notuliens qui envoient leurs trouvailles.
* Sur le versant opposé, l'accroissement du cheptel notulien est sensiblement plus réduit que les autres années (+ 14 contre + 33 en 2006 et + 50 en 2005 par exemple), ce qui semble indiquer que les notules ont atteint leur niveau maximum de diffusion ou à peu près. J'ai un peu contribué à ce tassement en dénotulisant d'autorité, clave militari si je puis dire, deux fâcheux mécontents du contenu des notules (ce qui se conçoit) qui voulaient me dicter ce que j'y devais écrire et commençaient à me courir furieusement sur le haricot.

Sans oublier l'homme de l'année 2007 :


la gerbille

TV. Le Roman de Mildred Pierce (Mildred Pierce, Michael Curtiz, E.-U., 1945 avec Joan Crawford, Jack Carson, Zachary Scott; diffusé ce mois sur TCM).

MERCREDI.
Courriel. J'ai parlé trop vite. Une demande de désabonnement aux notules.

TV. Little Miss Sunshine (Jonathan Dayton & Valerie Faris, E.-U., 2006 avec Abigail Breslin, Toni Collette, Alan Arkin, Greg Kinnear, Paul Dano; diffusé en décembre dernier sur Canal +).

JEUDI.
Vie au grand air. Promenade en quatuor dans la neige, au Haut-du-Tôt. Incorrigible, j'en profite pour photographier le monument aux morts, prenant ainsi un peu d'avance sur le programme.

TV. 24 Heures chrono (24, série américaine de Joel Surnow et Robert Cochran avec Kiefer Sutherland, Mary Lynn Rajskub, D.B. Woodside, Peter MacNicol, Carlo Rota; saison 6; épisodes 13 & 14 diffusés le soir même sur Canal +).

VENDREDI.
TV. Le Grand Sommeil (The Big Sleep, Howard Hawks, E.-U., 1946 avec Humphrey Bogart, Lauren Bacall, John Ridgely, Martha Vickers; diffusé ce mois sur TCM).

SAMEDI.
Football. SA Épinal - Paris Saint-Germain 0 - 2.
L'essentiel était de ne pas être ridicule, voilà qui est fait, tant mieux. En fait, plus que cette pâle équipe professionnelle, on craignait surtout les débordements de ses supporters à la sinistre réputation. Par chance, ceux-ci, s'ils sont venus en nombre, sont fâchés avec leurs joueurs et restent passifs et muets tout au long du match, soutenant leur équipe comme la corde soutient le pendu au moyen de banderoles acides, "Gagnez et fermez-la", "Épinal, après M. Séguin, voici les chèvres du PSG". On attendait des voyous, on découvre des poètes.

Bon dimanche.

 

Notules dominicales de culture domestique n°336 - 13 janvier 2008

DIMANCHE.
TV. Mon meilleur ami (Patrice Leconte, France, 2006 avec Daniel Auteuil, Dany Boon, Julie Gayet, Julie Durand, Jacques Mathou; diffusé en décembre dernier sur Canal +).

LUNDI.
Courriel. Une demande de désabonnement aux notules.

Rentrée des classes. Pas pour Lucie qui a droit à sa visite trimestrielle à l'hôpital de Saint-Avold. Les résultats ne sont toujours pas fameux, les épisodes hyperglycémiques toujours trop fréquents malgré les précautions prises. Le docteur K. dit qu'on va bien finir par arriver à stabiliser la situation. On croise les doigts. Prochain rendez-vous fin février.

TV. Les Chiens (Alain Jessua, France, 1979 avec Gérard Depardieu, Victor Lanoux, Nicole Calfan, Pierre Vernier, Gérard Séty, Fanny Ardant; diffusé le soir même sur Direct 8).

MARDI.
TV. Prête-moi ta main (Eric Lartigau, France, 2006 avec Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat, Bernadette Lafont, Wladimir Yordanoff; diffusé en novembre dernier sur Canal +).

Lecture. De chair et de sang (Flesh and Blood, John Harvey, 2004, éditions Payot & Rivages, 2005 pour la traduction française, coll. Rivages/Noir n° 652, traduit de l'anglais par Jean-Paul Gratias; 480 p., 9,50 €).
On fait connaissance ici avec le nouveau héros de John Harvey, Frank Elder, au moment où celui-ci vient de démissionner de la police de Nottingham pour vivre en solitaire dans un cottage des Cornouailles. Comme tout bon démissionnaire, Elder va reprendre du service pour le bien de la fiction : un homme, condamné treize ans plus tôt pour le viol et le meurtre d'une jeune fille, vient d'être libéré pour bonne conduite. Elder le soupçonne d'être mêlé à la disparition d'une autre jeune fille qui a eu lieu à la même époque et aux nouvelles affaires semblables qui affectent la région de Nottingham depuis sa libération. John Harvey met en place un nouveau personnage et cela prend du temps : environnement familial et professionnel, profil psychologique, mode de vie, il fallait tout de même que Frank Elder ne soit pas une copie conforme de Charles Resnick, son héros précédent. Le nouveau personnage se dessine mais ne trouvera sa véritable épaisseur que dans l'épisode suivant, De cendre et d'os, lu en juillet dernier. Ici l'auteur tâtonne, fait des erreurs d'aiguillage (une idylle déplacée avec la mère d'une des victimes qui donne lieu à des scènes de galipettes d'un haut ridicule) et laisse échapper une trame policière qui aurait gagné à être plus resserrée. On y trouve en effet des choses intéressantes comme l'implication de la fille de Frank Elder dans le rang des victimes et, comme dans le récent Jeux d'enfants de Jonathan Trigell (Série Noire), les questions qui accompagnent l'histoire d'un meurtrier condamné dans son adolescence et qui retrouve la liberté à l'âge adulte : est -il le même ? Le monde qu'il retrouve se souvient-il de lui ? Et s'il se souvient de lui, estime-t-il qu'il a payé sa dette ?
Curiosité. "A Londres, Martyn Miles possédait un magasin de vêtements dans King's Road, un autre à Kensington, et une chaîne de salons de coiffure baptisée Select-Tif avec des succursales à Londres, Bath, Cheltenham, Derby et Nottingham" (p. 26). Depuis, l'empire de Martyn Miles a gagné le continent : d'après l'Invent'Hair, il possède désormais un salon à Athis-Mons (Essonne) :


(photo de Marc-Gabriel Malfant)

A venir. Le supplément littéraire du Guardian (29 décembre) annonce le retour de Charles Resnick pour début 2008 dans un nouvel épisode intitulé Cold in Hand.

MERCREDI.
Vie funéraire. L'incinération aura lieu demain, je ne pourrai y être alors je suis venu cet après-midi pour la mise en bière, dans un salon funéraire de Saint-Max, banlieue de Nancy. Dans la bière, c'est la mémé. C'est comme ça que je l'ai toujours entendu appeler, la mémé, chez J. et N., sa fille, à Nancy ou à Castanet où je l'avais vue pour la première fois. La mémé, ça n'avait rien d'irrévérencieux, de toute façon la mémé n'était pas du genre à susciter la révérence, la vérité oblige à dire qu'elle tenait plus de Ma Dalton que de Mère Teresa. C'était une dure, une ancienne de l'Assistance où elle avait appris la vie par son versant abrupt. Il valait mieux dire la mémé, de toute façon personne n'était fichu de se rappeler son vrai nom, ce qui ne faisait qu'un prétexte de plus pour la mettre en rogne : Desmolins, Desmoulins, Dumolin, Dufour, Dumoulin, je n'ai jamais su... Elle avait rendu chèvre tous les personnels des maisons de retraite de la contrée avec sa tête de lard et sa tabagie. Dans le cercueil, on a mis des lettres, des dessins de ses petits-enfants, un jeu de belote, un clope éteint, un jeu à gratter et ses partoches de Beethoven. Pour un peu, morte un jour d'Epiphanie, elle partait avec la couronne sur la tête. Sacrée mémé...

JEUDI.
TV. 24 Heures chrono (24, série américaine de Joel Surnow et Robert Cochran avec Kiefer Sutherland, Mary Lynn Rajskub, D.B. Woodside, Peter MacNicol, Carlo Rota; saison 6; épisodes 15 & 16 diffusés le soir même sur Canal +).

VENDREDI.
Courrier. Arrivée du Bulletin Perec n° 51.

Lecture. Léo Malet revient au bercail (Gilles Gudin de Vallerin & Gladys Bouchard, Actes Sud/Montpellier Agglomération, 2007; 256 p., 29 €).
Compte rendu destiné à Histoires littéraires.

TV. Zone rouge (Robert Enrico, France, 1986 avec Sabine Azéma, Richard Anconina, Hélène Surgère; diffusé ce mois sur Cinécinéma Frisson).

SAMEDI.
Football. SA Epinal - FC Montceau-les-Mines 2 - 1.
Avec 5.400 spectateurs de moins, on est un peu moins serrés que la semaine dernière. L'essentiel étant que le SAS ait marqué deux buts de plus.

TV. Mauvaise foi (Roschdy Zem, France, 2006 avec Roschdy Zem, Cécile de France, Pascal Elbé, Jean-Pierre Cassel, Martine Chevallier; diffusé en décembre dernier sur Canal +).

Bon dimanche.

 

Notules dominicales de culture domestique n°337 - 20 janvier 2008

DIMANCHE.
Lecture. Marcel Proust (Bernard Brun, Le Cavalier Bleu, coll. Idées reçues/Arts & Culture n° 151, 2007; 128 p., s.p.m.).
Compte rendu destiné à Histoires littéraires.

TV. Espion lève-toi (Yves Boisset, France, 1981 avec Lino Ventura, Michel Piccoli, Bruno Cremer, Bernard Fresson; diffusé ce mois sur Cinécinéma Frisson).

LUNDI.
Vie littéraire. J'ai un peu de temps cette semaine, des élèves en stage, un emploi du temps gruyère. J'en profite pour travailler à ma chronique du petit volume sur Proust lu hier. Je marche sur des oeufs. Je me sens en effet un peu léger pour parler du boulot d'un monsieur qui est tout de même responsable du programme Marcel Proust de l'ITEM (Institut des textes et manuscrits modernes) au CNRS... Ce qui ne l'empêche pas d'affubler Mallarmé du doux prénom de Gustave.

TV. Ne le dis à personne (Guillaume Canet, France, 2006 avec François Cluzet, Marie-Josée Croze, André Dussollier, Kristin Scott Thomas; diffusé sur Canal + en novembre dernier).

MARDI.
TV. Pétrole ! Pétrole ! (Christian Gion, France, 1981 avec Jean-Pierre Marielle, Bernard Blier, Catherine Alric, Henri Guybet; diffusé ce mois sur Cinécinéma Famiz).

Lecture. Les Naufragés (Ameland, Hernan Neira, 2003, éditions Métailié, coll. Bibliothèque hispano-américaine, 2005 pour la traduction française, traduit de l'espagnol par François Gaudry; 120 p., 15 €).
La littérature chilienne ne fait pas ployer mes étagères. On est donc ici dans le domaine de la découverte, une découverte tout à fait intéressante qui dépasse le cadre policier dans lequel on l'a dénichée. Cette histoire d'un gardien de phare débarquant sur une île perdue dont il ne parvient pas à s'échapper dépasse en fait tous les genres, mêlant l'utopie au polar et l'ethnologie imaginaire au fantastique. Dans une langue que l'on devine très soignée, Hernan Neira réussit à créer un climat véritablement inquiétant avec la peinture d'une communauté abandonnée qui s'est forgé, au fil des générations, des règles de vie très spéciales. Du coup, on se souvient que W, l'île du roman de Perec, était elle aussi située au large du Chili et qu'elle abritait elle aussi des autochtones vivant dans une autarcie très particulière. Une drôle de contrée, assurément. Ça ne m'étonnerait pas qu'on y trouve aussi les îlots de Langerhans.

MERCREDI.

Vie littéraire. La secrétaire générale de la Société des Amis de Marcel Proust, à qui j'ai transmis mon compte rendu pour information et éventuellement pour son bulletin, le trouve "très bien fait". Me voilà rassuré.

TV. Nouvelle chance (Anne Fontaine, France, 2006 avec Danielle Darrieux, Arielle Dombasle, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Andy Gillet, Christophe Van de Velde; diffusé ce mois sur Canal +).

JEUDI.
Vie immobilière. Signature du prêt à la banque. Douze ans de vaches maigres. Sur place, on a hissé le grand pavois.

Courrier. Je ventile quelques exemplaires du Bulletin Perec. Il m'en reste quelques-uns. S'il y a des notuliens amateurs, qu'ils me fassent signe avant que je n'aie plus de sous pour acheter des timbres.

TV. 24 Heures chrono (24, série américaine de Joel Surnow et Robert Cochran avec Kiefer Sutherland, Mary Lynn Rajskub, D.B. Woodside, Peter MacNicol, Carlo Rota; saison 6; épisodes 17 & 18 diffusés le soir même sur Canal +).

Lecture. Oulipo. Pièces détachées (Oulipo, Mille et Une Nuits, 2007; 72 p., 2,50 €).
On retrouve ici les textes rassemblés pour un spectacle donné en novembre 2006 au théâtre du Rond-Point des Champs-Elysées. Parmi ceux-ci, la désormais bien connue recette du "Poème de métro" concoctée par Jacques Jouet donne lieu à des variantes logiques, "Poème de boulot" et "Poème de dodo" par Olivier Salon. Il y a aussi des textes historiques, pour ne pas dire canoniques comme "Qu'est-ce que l'Oulipo" de Jacques Roubaud et Marcel Bénabou, les "Parapèteries" de François Caradec, les monovocalismes de Perec, Jouet et Salon, sans oublier "La cimaise et la fraction", fameuse illustration de la contrainte S + 7 par Raymond Queneau. Dans un genre moins contraint, on appréciera la reprise, par Hervé Le Tellier de l'exercice bien connu des auditeurs des Papous de France Culture, "A quoi tu penses ?" Deux citations : "Je pense qu'une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais sauté d'un pont à l'élastique, c'est que j'ai peur de pisser de trouille, et d'être à l'envers à ce moment-là"; "Je pense que la syntaxe de "mon frère, son vélo, y a les freins qui déconnent" est extrêmement compliquée".

VENDREDI.
Vie littéraire. La Liberté de l'Est publie mon compte rendu du roman d'Olivier Bordaçarre, Régime sec.

Lecture. Viridis Candela (Carnets trimestriels du Collège de 'Pataphysique n° 26, 15 décembre 2006; 128 p., 15 €).
La revue consacre un épais dossier à l'éveil de la Chine à la 'Pataphysique et montre la Science à l'oeuvre en terre et en langue chinoises, avec de larges extraits des différentes pièces ubuesques converties en idéogrammes. Pour un public moins calé en chinoiseries, l'OuPolPot (Ouvroir de Politique Potentielle) présente ses travaux : une machine à slogans, une "scotomisation lamellaire séquentielle" qui permet de lire des affiches électorales sur les palissades de chantier d'une façon inédite (et qui aboutit à un "Raffarin crétin" du plus bel effet), une réorganisation toponymique et géographique des communes françaises par ordre rétro-alphabétique dans laquelle Alain Zalmanski joue en virtuose de son instrument favori, le code postal, et un florilège des programmes électoraux mis au point par des candidats un peu particuliers au fil de l'histoire politique dont on retirera ces quelques propositions : le prolongement du Chemin de fer de ceinture (Fénelon Hégo, 1906), la conversion de la basilique du Sacré-Coeur en piscine municipale (Henri Chassin, 1920), l'organisation de chasses à courre dans le jardin du Luxembourg (Duconnaud, 1928), l'abrogation des lois de la pesanteur, préjudiciables aux buveurs (Duconnaud encore).

Viridis Candela (Carnets trimestriels du Collège de 'Pataphysique n° 28, 15 juin 2007; 64 p., 15 €).
C'est le dernier numéro des Carnets, après un cycle traditionnel de vingt-huit numéros, depuis remplacés par une nouvelle formule intitulée Le Correspondancier du Collège de 'Pataphysique. Un adieu sous forme de révérence envers Sa Magnificence Lutembi, Vice-Curateur du Collège, autant dire son éminence la plus haut perchée, que certains pourraient prendre pour un vulgaire crocodile ougandais. Lutembi, sa vie, son oeuvre occupent donc une part importante du numéro mais laissent tout de même un peu de place pour une étude des plus passionnantes sur ceux que l'on nomme les flat-earthers, ceux qui, à contre-courant des assertions scientifiques les plus en vogue, continuent à affirmer que la Terre est plate. Prenons connaissance de certaines des preuves qu'ils avancent pour contester la rotondité de la planète : "Un navire quittant Londres avec un niveau à bulle indiquant l'horizontale arrive au Cap avec ce niveau toujours à l'horizontale et n'a jamais indiqué la verticale", "Prenez une bassine, emplissez-la d'eau et voyez si la surface de celle-ci est plus élevée au centre que sur les bords. Non ! le niveau de l'eau est horizontal. C'est donc que la Terre est plate, mis à part le cas des montagnes et des vallées, lesquelles n'infirment rien, car si les montagnes étaient dans les vallées, l'ensemble des terres émergées serait plat". Non contente d'être plate, la Terre est également immobile : "Si la Terre tournait, les oiseaux et les avions survoleraient toujours le même endroit", "Le test du canon : lorsqu'un canon tire à la verticale, les obus ne retombent pas à des kilomètres en arrière". Les supercheries galiléennes et coperniciennes ont la peau aussi dure que celle de Lutembi mais ne tiennent pas une seconde devant ces évidences auxquelles on serait prêt à s'associer joyeusement si elles n'étaient aujourd'hui reprises par des mouvements créationnistes et fondamentalistes qui n'ont, eux, rien d'amusant.
Curiosité. On notera page 15 la photo d'une statue dénichée dans l'église de Lopérec (Finistère) représentant saint Pérec avec, comme il se doit, un livre ouvert à la main.

Piscine. Je constate avec satisfaction que ma serviette Bons Mayennais fait des envieux.

SAMEDI.
Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.

TV. Passage à l'acte (Francis Girod, France, 1996 avec Daniel Auteuil, Patrick Timsit, Anne Parillaud, Michèle Laroque; diffusé ce mois sur Cinécinéma Frisson).

Bon dimanche.

 

Notules dominicales de culture domestique n°338 - 27janvier 2008

DIMANCHE.
Itinéraire patriotique départemental. En route pour le monument aux morts de Bruyères. On y trouve un nommé François Mourant.

TV. Hors de prix (Pierre Salvadori, France, 2006 avec Gad Elmaleh, Audrey Tautou, Marie-Christine Adam, Vernon Dobtcheff, Jacques Spiesser; diffusé en décembre dernier sur Canal +).

LUNDI.
TV. Le Secret (Robert Enrico, France, 1974 avec Jean-Louis Trintignant, Marlène Jobert, Philippe Noiret; diffusé ce mois sur Cinécinéma Star).

MARDI.
TV. Les Fragments d'Antonin (Gabriel Le Bomin, France, 2006 avec Grégori Derangère, Anouk Grinberg, Aurélien Recoing, Niels Arestrup, Yann Collette; diffusé en décembre dernier sur Canal +).

MERCREDI.
Vie immobilière. Les déménageurs viennent établir le devis de notre transhumance. Nous avons malheureusement dépassé l'âge et surtout le volume de la camionnette du voisin et du coup de main des copains. Pendant ce temps, je suis à l'agence immobilière où je dois transmettre des documents pour le prêt. Apparemment ce ne sont pas les bons, enfin moi je suis sûr que ce sont les bons mais le type qui s'occupe de nous n'est pas là, je renonce à essayer de me faire comprendre. Avec ma prestance naturelle, on a dû me prendre pour un nécessiteux en quête d'une chambre à louer envoyé par les services sociaux.

Emplettes. J'achète le Journal de Léon Bloy. Il est temps que j'apprenne à râler et que je cesse de me prendre pour un paillasson sur lequel tout fâcheux peut venir s'essuyer les pieds, comme dirait Rama Yade, décidément plus heureuse dans le choix de ses métaphores que dans celui de ses mentors.

TV. Esprits libres (émission de Guillaume Durand, diffusée vendredi dernier sur France 2).

JEUDI.
Courrier. Je disperse mon reliquat de bulletins Perec en direction des notuliens demandeurs. Je ne peux malheureusement satisfaire tout le monde : la ruée fut telle qu'on se serait cru au premier jour des soldes.

TV. 24 Heures chrono (24, série américaine de Joel Surnow et Robert Cochran avec Kiefer Sutherland, Mary Lynn Rajskub, D.B. Woodside, Peter MacNicol, Carlo Rota; saison 6; épisodes 19 & 20 diffusés le soir même sur Canal +).

VENDREDI.
Courrier. Les étrennes en provenance d'Eure-et-Loir : un brie Bons Mayennais (2 points), produit inconnu dans nos contrées. Mmmmm ! Merci, JCB !

Courriel. Une demande d'abonnement aux notules.

SAMEDI.
Football. SA Épinal - RC Épernay 1 - 1.

TV. Zone libre (Christophe Malavoy, France, 2007 avec Jean-Paul Roussillon, Lionel Abelanski, Mathilde Seigner, Olga Grumberg, Elisa Tovati; diffusé ce mois sur Canal +).

Bon dimanche.