Notules dominicales 2010
 
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Notules dominicales de culture domestique n°457 - 15 août 2010

DIMANCHE.
Football. AS Nancy-Lorraine - FC Metz 2 - 0. C'est la finale du challenge Philippe Schuth, qui se tient cette année à Epinal. Un match amical, donc. C'est sans doute la raison pour laquelle on a droit, contrairement à ce qui se passe pour les humbles matches officiels de l'équipe locale, aux stadiers, aux policiers, aux vigiles et à la fouille. On n'aimerait pas vivre des choses semblables à chaque fois. Vivement que le début du championnat nous rende nos audiences et ambiances confidentielles.

Vie informatique. Je reçois les premiers messages d'une liste de diffusion à laquelle je me suis inscrit ce matin, la liste ANPR (A ne pas rater), à moi signalée par le notulien ST, seul supporter du SAS football recensé dans les Alpes-Maritimes. Il s'agit d'un groupe dont la noble activité consiste à rendre disponibles des fichiers gratuits, libres et faciles d'accès d'émissions de radio (France Culture pour l'essentiel) hors d'atteinte par les voies du podcast habituel. J'ai pu ainsi par exemple, écouter aujourd'hui et archiver Sami Frey dans son Je me souviens enregistré au Festival d'Avignon 1988. Les messages pleuvent, certains sont trop techniques pour un notulographe moyennement versé dans la chose informatique mais beaucoup proposent simplement un lien qui envoie sur une émission disponible. Je ne sais comment les contributeurs se procurent les fichiers, s'ils transposent des bandes magnétiques où s'ils écument l'INA, mais ça marche et c'est riche. Je vais pouvoir bazarder quelques kilos de cassettes et demander au Très-Haut d'augmenter la durée des jours et des nuits pour pouvoir écouter tout ça. Renseignements plus précis seront donnés en privé aux notuliens intéressés.

Lecture. Une douce flamme (A Quiet Flame, Philip Kerr, Quercus, 2008 pour la version originale, éditions du Masque pour la version française, traduit de l'anglais par Marie-Caroline Aubert; 432 p., 22 €).
Où l'on retrouve Bernie Gunther, héros de la Trilogie berlinoise et de La mort, entre autres à Buenos Aires en 1950. Après avoir décrit dans ses trois premiers livres la montée du nazisme en Allemagne, Philip Kerr s'attache désormais à ses suites. Nombre de tortionnaires du régime ont trouvé refuge en Argentine et Gunther recherche parmi ceux-ci un tueur de jeunes filles susceptible d'avoir exercé ses talents des deux côtés de l'Atlantique. On a rapproché, ici même, le travail de reconstitution historique de Philip Kerr sur l'Allemagne nazie de celui de Stuart Kaminsky sur le Hollywood des années 40. En fait les enjeux sont un peu différents d'un auteur à l'autre. Se coltiner, comme le fait Toby Peters, avec Judy Garland ou Clark Gable n'est pas tout à fait la même chose que croiser sur sa route des gens comme Adolf Eichmann, Josef Mengele ou le couple Peron qui logent dans ce livre. Les intrigues ne sont pas non plus à la même échelle : là où Peters met fin aux agissements de quelques méchants qui hantent le milieu du cinéma, Bernie Gunther découvre les restes d'un camp d'extermination en pleine pampa argentine. Par ailleurs, Toby Peters, privé ordinaire, n'a pas le même vécu que Gunther qui a fait partie de la SS et qui, pour cette raison, rend le travail de Kerr particulièrement délicat : comment en effet parvenir - et il y parvient - à rendre sympathique aux yeux du lecteur un personnage possédant un tel passé ? Là où les deux auteurs se rejoignent, c'est dans la minutie du travail de reconstitution, et surtout dans la manière de raconter leurs histoires, leur écriture pleine de trouvailles, d'expressions et d'images qui font mouche à chaque fois. Le plaisir de lecture est équivalent d'un auteur à l'autre mais, encore une fois, Philip Kerr présente dans ses romans des enjeux d'une taille autre que ceux de son collègue.

MARDI.
Vie liturgique. Cet après-midi, en l'église de Saulcy-sur-Meurthe, l'obligation statutaire qui conduit le notulographe à accompagner, dans la mesure de son rayonnement géographique, les notuliens frappés par le deuil, se conjugue au voeu sincère de manifester sa sympathie à quelqu'un dont on apprécie l'amicale présence dans les moments importants (au bistrot) aussi bien que futiles (au boulot).

SAMEDI.
Transhumance. En route pour la Creuse. Une seule source d'appréhension : que mes asticots et mes vers se fassent la belle dans la glacière, ce qui ne se produira pas. A partir d'aujourd'hui, do not disturb, je suis à la pêche.

IPAD. 11 novembre 2008. 37 km. (8923 km).


887 habitants

Sur le mur du cimetière, une plaque verte signale la présence de "Tombes de guerre du Commonwealth/Commonwealth War Graves". Le monument, une petite stèle grise, est à l’entrée, avec quatre drapeaux et la gerbe du matin entourée d’un ruban tricolore ("Communes de Renauvoid-Chaumousey-Sanchey") en provenance de la maison Merlino, 4 quai des Bons-Enfants à Epinal.

Face :

A nos morts pour la France

1914-1918

CHAUMOUSEY

CAMUS Georges

CUNY André

GRANDMAIRE Emile

MALGLAIVE Edmond

ROYER Georges

THOMAS Georges

VUILLEMIN Pierre

Gauche :

RENAUVOID

BLAUDEZ Albert

BRIOT Roger

CARRETTE Louis

CAUVE Justin

CHARLES Louis

GERARDIN Joseph

GRANDMAIRE Charles

Dos :

1939-1945

THIRIAT Léon

LURION Paul

LACAILLE Pierrette

THEVENARD Raymond

VAUTHIER Henri

Droite :

SANCHEY

CHRETIEN. C MORTAL. L

CONRAUX. D PILGRAIN. H

DENIS. J RUESCHER. A

DUHOUX. R THOMAS. M

GEHIN. R VAUTHIER. A

LEMARQUIS. E VAUTHIER. L

MELINE. P

On remarquera la bizarrerie qui consiste à placer un point derrière le nom de famille plutôt que derrière l’initiale du prénom. Pour un peu, les Poilus de Sanchey étaient pourvus d’une adresse e-mail.

En contrebas, sous un drapeau canadien, six tombes sont alignées. Il s’agit de cinq membres de la Royal Air Force et d’un membre de la Canadian Air Force, tous tombés le 29 juillet 1944.

L'Invent'Hair perd ses poils.


Salaise-sur-Sanne (Isère), photo de Marc-Gabriel Malfant, 17 mars 2007

A rapprocher du Révolu'Tif de Sainte-Cécile-des-Vignes présenté dans les notules 408.

DIMANCHE.

Lecture. Mourir pour des idées. La vie posthume d'Alphonse Baudin (Alain Garrigou, Les Belles Lettres, coll. L'histoire de profil, 2010; 312 p., 27 €).

Biographie. Alphonse Baudin fait partie des figures célébrées par Eric Hazan dans son Invention de Paris récemment découverte. Une figure qui apparaît, pour disparaître aussitôt ou presque, le 3 décembre 1851, sur une barricade du faubourg Saint-Antoine. Ce jour-là, après avoir appelé les ouvriers du faubourg à se joindre aux élus pour combattre le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte, Baudin tombe sous les balles de la troupe appelée pour vaincre l'insurrection naissante. Voilà pour les faits. Parce qu'au-delà des faits, il y a des mots. En ce temps-là, les députés, et Baudin était député, touchaient une indemnité de vingt-cinq francs par jour. Un ouvrier - une ouvrière ? - lance à Baudin : "Est-ce que vous croyez que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos vingt-cinq francs ?", Baudin réplique : "Vous allez voir comment on meurt pour vingt-cinq francs", monte sur la barricade, et meurt. Le mot, le mot sublime est lancé, il fera florès. Sans ça, pas de Baudin. Comme l'écrit Garrigou, "sa mort était devenue la vraie naissance, une naissance héroïque". La biographie qu'il propose ne concerne donc que la postérité de Baudin, puisque Baudin, obscur parlementaire de Nantua, n'exista que par sa fin tragique. Grâce à celle-ci, il devient le modèle du héros civique, façonné par les récits des proscrits de décembre, Victor Schoelcher et Victor Hugo en tête. Sa tombe devient un lieu de pèlerinage, Larousse lui consacre un article de son dictionnaire en 1867, une souscription est lancée pour lui ériger un monument en 1868, il entre dans tous les manuels d'éducation civique puis au Panthéon en 1889, sa statue voit le jour en 1901 : "Ce nom, hier encore inconnu, est aujourd'hui le plus populaire de France", dit un journal de l'époque. Ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui mais le travail d'Alain Garrigou permet de tracer des parallèles : les vingt-cinq francs de Baudin brillent d'un singulier éclat sous les feux des milliards des Bettencourt. Les débats parlementaires reproduits ici, reflets d'un temps où le politique (les idées) n'avait pas abdiqué devant l'économique (l'intérêt, "l'eau glaciale du calcul égoïste" de Marx), les articles de presse de l'époque, une presse engagée, tonnante (dont on comprend que les pouvoirs du moment aient voulu la museler, quel pouvoir, aujourd'hui, voudrait museler Libération ?) donnent un piètre image de notre temps. Garrigou ne s'arrête pas à l'étude du cas Baudin : il élargit son propos en examinant les notions d'héroïsme, de courage et de sacrifice, en cherchant d'éventuels successeurs à la victime de 1851. Il annonce que nous sommes entrés dans une ère d'histoire sans héros, ou avec des héros différents : on parlait auparavant du courage de ceux qui se battaient pour obtenir quelque chose, on parle aujourd'hui du courage de ceux qui acceptent de perdre quelque chose (une part de salaire, un droit, un "avantage acquis", un âge de retraite...) : "Par une ruse singulière, le courage embellit les sacrifices que les puissants demandent aux faibles pour justifier leur dépossession : il en faudrait pour perdre des droits et non plus pour les conquérir. Et, s'ils refusent d'acquiescer benoîtement aux injonctions de l'autorité, on accuse la peur devant les changements et le stupide refus de la nécessité."

LUNDI.

Lecture. Rimbaud le fils (Pierre Michon, Gallimard, coll. L'un et l'autre, 1991; 128 p., 87 F). Ça carbure dur chez Michon à cette époque. 1988 Joseph Roulin, 1989 L'Empereur d'Occident, 1990 Maîtres et serviteurs, 1991 Rimbaud. Bon an mal an, Michon pond. C'est comme si les Vies minuscules, longtemps retenues, avaient lâché la bonde. C'est d'ailleurs la même eau qui s'échappe depuis Vies minuscules, le sujet n'y change rien, c'est toujours le même flux, le même courant porté par cette écriture tellurique, secousses comprises, qui, quoi qu'il arrive vaudra à Michon le statut de classique. Ce n'est pas parce qu'il s'attaque à Rimbaud qu'il va changer sa façon de faire. En avant donc pour un portrait, un de plus, mêlant les événements avérés et les scènes imaginées bardées de prétéritions : il faudra un jour compter les "on dit que", "à ce qu'on dit", "ou peut-être", "c'est ce qu'on veut croire" chez Michon où même les "j'en suis sûr" ne reposent sur rien de réel. Rimbaud donc, qui échappe à une vie minuscule - après tout, les Ardennes de 1870 valent bien la Creuse - par une série de circonstances, de rencontres, d'événements : le père enfui et la mère "souffrante et mauvaise" comme point de départ déterminant - Rimbaud, le fils, ne perdons pas le titre de vue -, Izambard, Banville, Verlaine, Carjat qui ont droit chacun à leur chapitre, et puis les autres, Fantin-Latour, Bardey, Ménélik, plein d'autres, y compris "six Noirs abyssins sans nom portant une litière sur le dos", mêlés dans un final de feu d'artifice qui dit l'impossibilité de saisir tout ou partie de Rimbaud, être et mythe mêlés. Michon aura essayé, il se sera cru, à certains moments, au-dessus de "tous ces livres écrits sur Rimbaud, ce livre unique en somme tant ils sont le même", il se sera vu, un instant, capable de traiter d'égal à égal avec son sujet, à deux doigts de tutoyer l'Arthur. D'autres viendront, d'autres essaieront. Michon sera passé par là avant eux. Leur chemin ne sera pas facile.

MERCREDI.

Lecture. A l'ouest rien de nouveau (Im Western nichts Neues, Erich Maria Remarque, Stock, 1929 pour la version française, rééd. coll. La Cosmopolite, 2009, traduit de l'allemand par Alzir Hella et Olivier Bournac; 288 p., 18,50 €). Le livre se révèle d'une construction un peu plus complexe que le film de Lewis Milestone, qui date de 1930 et propose un déroulement strictement chronologique. Remarque fait commencer son roman sur le front, en 1917, et ce n'est qu'au cours de plusieurs retours en arrière que l'on découvre le passé du héros et de ses camarades. Autre différence, la séquence d'ouverture du film, le discours patriotique du professeur Kantorek n'existe pas chez Remarque. A part ces détails, la fidélité de Milestone à l'esprit du roman est remarquable, dans sa volonté de s'attacher à un groupe plutôt qu'à un individu, dans sa description réaliste des scènes de combat et dans son engagement pacifiste. Erich Maria Remarque, mobilisé à l'âge de 18 ans, sait ce dont il parle. Les soldats qu'il décrit n'ont pas vingt ans et représentent une génération sacrifiée. Ce qui est remarquable, c'est qu'il n'y a aucune ligne, aucun mot qui soit dirigé contre l'ennemi, même dans les paroles des soldats : "C'est un ordre qui a fait de ces formes silencieuses nos ennemis; un autre ordre pourrait maintenant faire d'elles, nos amis." L'auteur fait alterner les pages de monologue intérieur du narrateur, qui portent la partie idéologique du livre, avec des scènes d'action qui rassemblent les événements traditionnels de la guerre : les classes, l'attente, le front, le combat, la blessure, la permission, la mort. On évite donc le roman dogmatique lourdaud, ce qui explique le succès jamais démenti de l'oeuvre.

SAMEDI.

IPAD. 11 novembre 2008. 37 km. (8923 km).


1527 habitants

La composition occupe le centre d’un parterre circulaire en haut du village, à côté de la Mairie et face à l’église. Une stèle traditionnelle, ancienne, devance trois stèles modernes, des dalles verticales aux bords irréguliers, placées en arc de cercle. Ça ressemble à un monument recomposé suite à une délocalisation. La stèle centrale est dressée au milieu d’un carré agrémenté de plantes diverses, buis, pensées, etc. Deux drapeaux surplombent le tout. La gerbe du matin, due à la générosité de la "Municipalité de Chavelot", n’est plus sous cellophane, ce qui interdit d’en connaître la provenance.

La commune de Chavelot reconnaissante

A tous ceux de ses enfants

Morts pour la France

Dans la guerre du droit et de la liberté

Stèle de gauche :

Morts pour la France

Guerre de 1914-1918

1914

13 noms de COLLOT Eugène 12 noms de WAMBEVER Marcel

à MARCHAL Louis J. à JACQUOT Charles

1915

14 noms de MAIMBOURG Armand 11 noms d’AUBRY Edmond

à BAR Emile C. à THOUVENOT Henri

Stèle centrale :

Morts pour la France

Guerre de 1914-1918

1916

7 noms de CLAUDE Auguste 7 noms de JACQUEMIN Georges

à GUERCHOUX Charles à LARCHER Marie L.

1917

4 noms de LUTZLER Alexandre 3 noms de COLAS Jules F.

à DUHOUX Auguste à CHOSEROT Fernand

1918

7 noms de ROLLIN Joseph V. 7 noms de CHOSEROT Mathieu

à LHOTE Camille à COLIN Alfred

1919

MATHIEU Joseph

VILLEMIN Marie J.

Stèle de droite :

Morts pour la France

Guerre de 1939-1945

11 noms et dates de FEUERSTEIN Maurice 21.03.1940

à RAPPENNE Gérard 09.04.1945

Guerre d’Indochine

PERRARD Georges 21.11.1948

Ces trois stèles ont été inaugurées le 11 novembre 1997

Par Mr Robert BRESSON

Conseiller Régional de LORRAINE

Maire de CHAVELOT

En présence du Conseil Municipal

Et des enfants des Ecoles

L'Invent'Hair perd ses poils.


Décines (Rhône), photo de Marc-Gabriel Malfant, 1er avril 2007

JEUDI.

Lecture. Crime et châtiment (Fédor Dostoïevski, 1867, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade n° 83, 1950; traduction et notes par D. Ergaz; 1280 p., s.p.m.). A défaut de profiter des vacances pour réviser ses classiques, on peut toujours en découvrir. Les grands romans russes font un peu peur et c'est vrai qu'il faut les mériter. L'errance de Raskolnikov dans les bas-fonds de Saint-Pétersbourg, après ce crime qu'il avait selon lui le droit de commettre, ne va pas sans longueurs. Mais Dostoïevski, comme Gontcharov avec Oblomov, ne peut abandonner un personnage sans l'avoir entièrement décortiqué, sans l'avoir examiné sous toutes les coutures. Cet examen, plus que par l'analyse psychologique, passe par le dialogue : c'est au cours des conversations qu'il mène avec les divers protagonistes de l'histoire que Raskolnikov se dévoile. Conséquence de ce procédé, le roman accumule les phases statiques, les scènes au sens théâtral, et fige les acteurs, ce qui se retrouve un peu, me semble-t-il, dans les romans de Kafka. Mais au bout de ce lent dévoilement se trouve la récompense donnée au lecteur : un épilogue admirable qui raconte la rédemption et l'élévation de Raskolnikov, une fin qui, comme l'éloge funèbre rendu à Oblomov dans le roman de Gontcharov, porte l'oeuvre à des sommets insoupçonnés. Ce qui fait qu'un classique est un classique, en somme.
Curiosité. "Habituellement peu fréquenté, le boulevard à cette heure torride (il était une heure de l'après-midi environ) se trouvait tout à fait désert" (p. 88). Heure torride ? 33 degrés peut-être...

VENDREDI.

Vacances (fin). Je rentre de la pêche, ça a mordu, merci. A part ça ? Pas grand-chose, je dois dire. Il n'y a pas eu cette année de grand périple littéraire à la recherche de Michon ou de Bergounioux, même si l'on a retrouvé des traces fraîches de ce dernier dans une librairie d'Ussel. Il y a eu toutefois la Journée du livre à Felletin, quatre-vingts auteurs invités, quatre-vingts auteurs présents, j'étais heureux, j'en connaissais un, Raymond Poulidor, je l'ai pris en photo. Il y a eu l'écoute de la série Churchill et de la saga Sagan sur France Culture, ce que peut faire la radio quand elle se donne les moyens de travailler sur la durée. Il y a eu une invasion de vaches et une invasion de souris mais pas en même temps. Il aurait pu y avoir une énorme carpe mais j'étais monté trop fin. Il y a eu une partie de Cluedo, une seule, comme quoi le temps n'a pas été trop mauvais, d'ailleurs il n'y a même pas eu de puzzle entrepris. Il y a eu des baignades dans à peu près toutes les eaux du canton, il y a eu pour moi des séances de natation d'au moins cinquante mètres qui m'ont laissé pantelant sur le rivage. Il y a eu la pensée que ce séjour était peut-être notre dernier en ce lieu mais rien n'est moins sûr. Il y a eu des monuments aux morts, des salons de coiffure, des publicités peintes, des cafés fermés, donc il y a eu des photos mais pas trop, vacances obligent. Il a eu d'autre choses, pas trop non plus d'ailleurs, mais ça ne tiendrait pas sur une carte postale alors je préfère arrêter là.

SAMEDI.

IPAD. 23 novembre 2008. 96 km. (9019 km).


50 habitants

Au vu du nombre d’habitants, je ne fondais guère d’espoirs sur cette visite. Mais en apercevant, depuis l’entrée du village, une paire d’ailes dépassant d’un ensemble apparemment minéral, je me suis dit que ce devait être une Victoire, et que mon dimanche était sauvé. Je n’avais pas pris en compte l’inventivité décorative qui peut régner sous ces latitudes. En fait d’allégorie diptère, voilà ce que j’ai trouvé :

Un peu plus loin, je suis tombé sur le monument, une stèle miniature en pierre blanche, accotée à l’église. Elle est surmontée d’une croix, agrémentée d’une croix de guerre, d’une branche de chêne et d’une branche non identifiée entrecroisées et se tient au centre d’un enclos entouré d’une grille basse et de massifs de buis. Les deux drapeaux claquent au vent, il a neigé et ce n’est pas fini.

A nos morts

1914-1918

CHAUMONT Abel Champenoux 1914

JEANDEL Aimé N.D. de Lorette 1914

COLIN André Langemark 1914

MATHIEU Emile Nevers 1915

RAMBAUT André Dijon 1915

BOURGEOIS Henri Amiens 1915

Côté gauche :

CUNIN Emile Trouville 1915

MARCHAL Henri Tunnel des Tnes 1916 *

CHAUMONT Emile Mont-N.-Dame 1917

MARCHAL Emile Villers-Hélon 1918

* Probablement le tunnel de Tavannes, sur la ligne ferroviaire Metz-Verdun, qui servait de dépôt de munitions. 500 hommes y périrent le 4 septembre 1916 suite à l’explosion d’une grenade qui mit le feu aux poudres.

L'Invent'Hair perd ses poils.


Paris, rue Faidherbe, photo de l'auteur, 2 avril 2007

Bon dimanche.